jeudi 31 mai 2012

Ersatz de soirée

Les gens m’ennuient. Cette réflexion prend davantage son sens en soirée. Généralement, j’arrive à faire abstraction d’un lieu, d’une situation, d’un moment, mais pas des gens. Dans ces soirées (sic) !, les personnes conviées palabrent principalement, s’esclaffent à gorge chaude, parlent fort, jouent les intellectuelles de seconde zone et baillent souvent aux corneilles. En fait c’est moi ça !  A ce genre de fête où le crevard est roi, où l’alcool bon marché coule à flot, où tous ceux qui comptent en déchets parisiens se retrouvent pour claquer des bises en laissant du coup percevoir une lueur de notoriété via ce groupe d’ahuris, moi je passe souvent pour la nana réservée voire insociable. De temps en temps on me demande si je m’ennuie et à cela j’ai envie de leur crier : Qu’une personne saine d’esprit partirait déjà en courant… Finalement dans mon for intérieur, je réponds qu’ils m’épuisent, pompent mon énergie vitale et me font perdre un temps précieux, en somme je ravale mon frein et ma haine qui monte. Mais mon coté maso me fait persister alors je continue tant bien que mal à fréquenter ce genre de soirées dénuées de sens mais qui selon certaines personnes pourraient me permettre de me créer un réseau professionnel. Alors là, je me marre littéralement ! Dans ces soirées justement, le mot d’ordre est la défonce, alors ces parisiens déchus  boivent sans retenue… ne montrent qu’un spectacle dégoulinant de ce que la pseudo « hype » parisienne compte comme déchets de l’humanité.  Soyons honnête, comment trouver dans cette cohue générale celui ou celle qui pourrait m’apporter ne serait-ce qu’une piste, car 1) les personnes potentiellement susceptibles de m’intéresser, évitent par la force des choses de parler « boulot »… en exultant : « qu’ils sont là pour se détendre », de plus ai-je vraiment envie d’être opportuniste au point de me fader justement machin pour comme résultat n’avoir qu’une adresse Facebook qui soyons honnête me servirait à rien car primo je n’ai pas ledit compte et secondo je ne me vois pas relancer une personne en disant : Hey, tu te souviens de moi, on s’est décroché deux mots dans la soirée de l’autre soir » ! 2) entre les crevards, les ratés, et les has been, je ne trouverais pas satisfaction et 3) les mecs relous qui te demandent au bout de deux minutes ton Facebook, cette fois-ci, juste pour booster leur quotas d’amis virtuels (ce genre d’endroit pullule de mecs « Facebook » à tout va). Le problème dans ce genre de fiesta, vernissages & co, c’est qu’il n’est question que d’apparence, rien ne se lie et à la fin de la soirée, on repart sans même un numéro intéressant en poche… et sachant que de mon coté, je vais en soirée pour être avec mes potes... Je continue à m’ennuyer.
Ps : il arrive parfois de tomber sur un ovni parmi cette horde de vautours, on le regarde, lui parle et on se demande ce qu’il vient foutre dans ce tracnard, mais prudence, ça n’arrive pas souvent.

mercredi 16 mai 2012

Black Bazar*


« Ce livre est une merde sans nom ! », s’est exclamé mon compagnon après lecture d’une dizaine de pages. En lui demandant pourquoi, il m’a simplement répondu qu’il ne se sentait aucunement concerné par ce récit, qu’il ne comprenait pas forcément où l’auteur voulait en venir et le plus étrange, que les anecdotes énoncées ne provoquaient sur lui aucun émoi, bon ou mauvais d’ailleurs. Mince, quand  on sait que pour ma part, j’ai lu ce bouquin d’une traite, riant aux éclats, seule dans le métro (passant sûrement pour une folle furieuse). Peut- être  m’a-t-il plu par ces situations cocasses que j’ai eues la chance de vivre en live cette fois, allez savoir. Alors est-ce un livre plutôt initié voire communautaire pouvant plaire également aux personnes sensibles au dandysme africain? Toutes digressions faites, voici le pitch. Dans un marasme coloré, Black Bazar  narre l’histoire du « fessologue », appelé comme tel par ses camarades de jeux du fait de son besoin perpétuel d’étudier le fessier de ses sœurs africaines et de les disséquer à la manière d’un chirurgien au bloc opératoire (j’en rajoute un peu là). Toujours « nippé », on préférera ici le terme « sapé », il compte essentiellement dans sa garde robe des pièces griffées Yves saint Laurent ou Weston comme tout sapeur qui se respecte ! Tour à tour, cette histoire nous entraîne dans les méandres du Jip’s, bar afro-cubain, près de la fontaine des Halles, où avec ses comparses, il palabre autour d’une Pelforth sur les conditions humaines et sur les souvenirs de ce cher Congo de Brazza, of course ! Le « fessologue », jeune écrivain en herbe, écrit sous la tutelle de Louis-Philippe le cubain, son histoire d’amour déchue,  et y dresse un tableau acerbe de la folie du monde. A travers ce récit folklorique, se cachent des personnages hauts en couleurs comme Roger le Franco-ivoirien, Paul du Grand Congo, en passant par l’hybride, un type qui joue du tam-tam dans un groupe que personne ne connaît et qui est accessoirement le problème de tous ses maux, sans oublier le martiniquais plus raciste que jamais, excellent (lire absolument le passage sur Mobutu, président du Congo toujours vivant !!! (le bouquin étant contemporain,  certains comprendront d’autres pas !). Un livre drôle et tout aussi pathétique à la fois. Drôle et burlesque quand il fait référence à des codes très africains comme par exemple sur leur façon  de penser qu’un noir naissant en France est forcément plus clair qu’un noir venant d’Afrique ou sur leur façon de parader devant leur congénères. Pathétique quand on y découvre parfois un monde superficiel où l’habit est roi et levé en étendard. Mon propre remix, à la fin du bouquin reste douteux, car faut-il comprendre en somme que pour un africain, il ne reste qu’à se marier avec une occidentale (ici blanche in fine) pour s’élever socialement voire spirituellement dans nos sociétés de blancs et ainsi rentrer dans un carcan où la couleur de la peau reste encore une carte maîtresse ?
*Auteur de Black Bazar Alain Mabanckou

vendredi 4 mai 2012

Amitié virtuelle


« Tu m’as tellement déçue ! », clic de fin.  Pour mieux comprendre ce happy end, une mise en relief s’impose forcément.  A l’heure où Facebook est roi et levé en étendard, l’individualisme prend une part des plus omniprésentes dans nos vies, enfin pour plus de quelques millions … Les amitiés se découvrent sur la toile en poquant une photo par exemple, « j’aime ça… je te mets un pouce… On devient pote… Ok génial tu fais d’ores et déjà partie de mes 150 amis… Super, on ne se croisera jamais sauf via nos pages mais on pourra dire qu’on est de grandes connaissances à l’occasion ! ». Mais le même schéma est opéré pour dire ses quatre vérités à un vrai ami, non virtuel, cette fois. Qu’importe, en un simple clic, et avec toute la lâcheté qui s’accompagne, il est maintenant de rigueur, d’utiliser sa page plutôt que de se déplacer.  En moins de deux semaines, j’ai pu de près ou de loin constater ce changement radical dans nos modes de fonctionnement.
Qu’avaient fait ces personnes pour mériter un tel sort via la toile ? Dans les deux cas, la même approche. Elles se sont données corps et âme dans des relations qui à posteriori n’étaient fondées que sur du vent. Alors quoi, on déçoit les gens à qui on a tout donné, notre aide, notre écoute, notre amitié, pour certains nos couverts, nos sorties… mais au moment où l’on prend un peu nos distances voire qu’on montre que nous aussi on existe, qu’on peut être confrontés aux mêmes névroses… On nous lâche ? On nous envoie un simple mail, sur Facebook qui plus est, pour dire à quel point on est déçu par le comportement on ne peut plus angélique et dévoué de l’autre ? Pourquoi ? Pas de réponse… Là extrapolons… sans doute car comme souligné plus haut, l’individualisme est à son apogée… Les valeurs changent si tu deviens faible pour certains on te zappe, pis, si tu n’es plus intéressant (rien à y gagner) pour d’autres, même diagnostic. On déçoit en réalité sans savoir réellement pourquoi. Le déclencheur ? Facebook ! Pourquoi encore une fois ? Petite idée… si les gens arrêtaient d’aller épier la vie des autres mais pensaient de temps en temps à les rencontrer, peut-être qu’on éviterait ce genre de débordement… Car qui ne s’est pas déjà fait blacklister d’un wall Facebook ? Qui n’a pas été pris à partie via son compte ? Qui d’ailleurs ne règle pas ses comptes sur sa page ! Enfin peut-être qu’il faut tout simplement trouver des potes plus intéressants.
Drôle d’époque ! Alors oui, on va tous décevoir malgré nous un proche mais rassurons-nous, la violence restera juste verbale, on aura juste à blacklister ce pote indésirable et se retrouver fissa quelqu’un pour le remplacer avant que lui aussi n’arrive à la date d’expiration. Mais qu’importe, Facebook compte des millions d’amis potentiels.

jeudi 12 avril 2012

Supériorité feinte



« Mon diplôme en poche, je rentre au pays ! », « Je veux retrouver mes nombreux privilèges comprenant mon chauffeur, mes deux femmes de chambre, mon jardinier, ma nourrice, et ma cuisinière… ce n’est pas tout sans compter mon luxueux jardin verdoyant, ma piscine privée, mon jacuzzi, ainsi que mes voitures de luxe »… Une liste simplement exhaustive de ce que j’ai pu entendre ces dernières semaines… Ces jeunes ont entre vingt deux ans et vingt neuf ans, sont originaires d’Afrique de l’Ouest pour la plupart et vivent dans une réalité que je ne connais pas au quotidien, juste de temps en temps quand je rentre au pays mais en vacances seulement. Ils sont pour la grande majorité « fils ou fille de » et ne connaissent pas la galère d’une vie lambda.
Crise identitaire en occident, brimade sans doute, j’ai beau creuser, je ne comprends pas ce besoin si intense de retourner dans son pays d’origine dans le simple but de se comporter en colonialiste primaire. Car là est la réelle intention de cette petite bande… Ce n’est pas de jouir de certains privilèges qui leur permettrait de mieux vivre une fois là-bas mais une ardente envie d’écraser le plus faible, de montrer une sorte de supériorité obtenue grâce à leur parcours universitaire en Occident ? « Un emploi de haut responsable d’une grande société m’attend au pays, n’est-ce pas cela le luxe ? Tu es dans un pays où le soleil brille toute l’année, où tu arrives très décontracté au travail, car ta bonne t’aura préparé ton petit déj et que ton chauffeur t’aura déposé devant ta société. Tu pourras ignorer les employés en les évitant, téléphone portable scotché à l’oreille. Il te sera facile, si l’un d’eux essaie de t’arrêter dans ta course pour réclamer une signature, de lui répondre que «ce sera fait en temps voulu» : c’est ce genre de phrase que l’employé de base peu éduqué aime entendre…» … s’en est trop… je tente une échappée mais un autre revient à la charge : « en occident, Londres, Paris, New York car oui, tu sais j’ai vécu un peu partout, avec mon parcours universitaire, je pourrais trouver un poste de junior dans une société occidentale sans beaucoup de difficultés mais la vie coûte plus cher même pour moi, habitué aux demeures diplomatiques de mes parents… ici par ta couleur de peau, tu mettras plus longtemps à t’imposer et au final pourquoi ? Pour un travail éreintant ou finalement tu ne peux jouir de ton dur labeur… et puis la différence réside dans les privilèges… au pays, je vis comme un roi » !

Voilà, on touche enfin, un point essentiel, car malgré, leur vie plutôt dorée même en occident, « le blanc » reste supérieur dans leur imaginaire, il faut pour le noir être plus intelligent, faire le plus d’activités extrascolaires, en somme se surpasser pour atteindre les mêmes chances de réussites au final. Au lieu de combattre cela, ils préfèrent, retourner « au pays » pour se comporter exactement pareil avec leurs frères qu’ils taxent de fainéants, et autres sobriquets ! Pour jouir de privilèges pour certains perdus en occident. Paradoxal quand on sait que leurs parents pour la plupart intellectuels, ayant étudié en occident, sont repartis dans leurs pays pour aider ces derniers ou sont restés en occident pour éviter toute corruption africaine… une jeunesse avec des positions d’un autre temps…
Retourner au pays, pourquoi pas, mais loin s’en faut car ces petites têtes oublient vite qu’elles ne seront pas forcément accueillies les bras ouverts… car elles ont eu la chance d’étudier en occident mais leur façon d’agir et quand bien même ce qu’ils essayent de faire croire, a changé. Bien souvent leurs ainés ne sont pas retournés au pays justement pour cette différence qui a opéré sur eux avec ou contre leur gré ! Ils deviennent à leur tour les blancs de leur pays, par leur tenue vestimentaire, leur façon de s’exprimer ou leur agissement… Le retour est souvent bien moins rose que ce qu’ils essayent de me faire avaler. Alors, je peux comprendre cette envie de rentrer mais pas dans le but de spolier  davantage un pays souvent ravagé par la guerre ou la corruption mais dans un but d’aider différemment peut être mais d’aider… Et bien sûr éviter le piège du conquérant occidental qui va sauver son pays de la misère car ce qui est appris en occident doit dans la majorité des cas rester à l’occident, les besoins réels de ces pays ne se retrouvent pas ou très peu dans ceux de l’Europe ou des Etats Unis… La route est encore longue, et il évident que je n’écris pas dans ce post une vérité générale, juste une vision plutôt objective de ce que j’ai pu entendre en débarquant à Londres par une certaine catégorie d’individus.

vendredi 2 mars 2012

Step by step


L’évasion, le renouveau, le changement de vie… L’impression pour les plus croyants que ce sont des termes que l’on ne retrouve que dans le trépas. Et pourtant, il est possible d’accéder à autre chose plus facilement qu’il n’y paraît… il suffit à première vue d’y croire, vient ensuite la mise en œuvre. Cela fait dix jours que j’ai quitté  pour un certain laps de temps mon quotidien, ma routine, ma famille, mes amis… ma vie en quelque sorte… mais depuis quelques mois, il me manquait cette chose essentielle qui se nomme la confiance en soi. Pour y parvenir, il fallait transgresser… quoi, je ne le savais pas au commencement et cela m’est apparu comme une évidence… partir, quitter ce quotidien trop confortable, explorer un terrain inconnu pour peut-être en revenir changée, me découvrir différemment, voir être bluffée par cette capacité d’entreprendre seule.
Step by step. Longtemps, et comme beaucoup de gens, j’ai imaginé ce que pouvaient ressentir ces personnes qui ont tout quitté, soit pour fuir quelque chose, ou juste pour recommencer une nouvelle vie ailleurs… quelque part je jalousais cette capacité, cette force intérieure, cette chose que je ne pouvais même fantasmer un jour pour moi. Le destin, l’aura voulu autrement ou plutôt pour les moins croyants, j’en aurai décidé autrement. Destination Londres. Dix jours que ma vie se rythme avec une soif de découverte, de compréhension toujours alerte… quelle jouissance finalement de pouvoir tout recommencer, enfin en partie : de choisir pour la première fois de faire ou ne pas faire telle ou telle chose. Reconstruire outre manche, un cocon amical, trouver un travail, et éviter les pièges de la vie.
Et comment se faire avoir me direz-vous ? Cela peut se produire en allant dans un supermarché ultra cher juste en face de chez vous avant de comprendre qu’un peu plus loin les prix sont beaucoup plus accessibles. En ouvrant un compte en banque sans en connaître toutes les modalités mais en essayant toutefois d’éviter les pièges ou en souscrivant un pseudo abonnement téléphonique qui paraît être tombé du ciel au démarrage (pauvre de moi, Londres, cheap ? Never) et se révèle être une merveilleuse arnaque : appel sur sa boîte vocal (10 pences), 500 mb gratuit sauf que si on le dépasse des sommes astronomiques viennent saler l’addition, j’en passe bien sûr bien d’autres encore)… C’est le jeu, on joue, puis on apprend à être plus méfiant ! Passées ces questions existentielles, la recherche d’un travail semble nettement plus difficile ! Les salaires étant loin d’être une panacée… Comptez en moyenne pour un travail de serveuse 1000 pounds pour un « full time », soit pour un « part time » 500 pounds pour une quarantaine d’heures environ, avec deux jours de congés pas forcément consécutifs, une aubaine, en somme !
A l’annonce de ce départ, ma famille en premier lieu, admirait ce choix de vie ou plutôt de découverte… Ironie quand on connaît le passé de mes parents, mon père quittant sa famille, sa vie, en Afrique à dix-huit ans, ou ma mère qui claqua la porte de chez elle à dix-neuf ! Et pourtant ces personnes qui ont vécu leur rêve beaucoup plus tôt que moi, voient en moi une personne d’un courage inouï.

Premières impressions formulées, j’essaierai de vous tenir informés régulièrement, je ne garantis rien en revanche rien vu la vitesse à laquelle j’écris en ce moment. Et pardonnez déjà mes anglicismes, j’en ai horreur, mais je dois rentrer de façon cohérente dans ma nouvelle vie, bon ok, pour au moins six mois !

jeudi 12 janvier 2012

7 h sur mon balcon


Je me justifie tout de suite : En ce moment, pendant mes longues heures d’errance où la seule chose qui m’anime est celle de me trouver,  j’erre souvent sur ce balcon, terrasse, si je veux paraître plus snob, à regarder ceux qui passent…Et là, juste devant moi un marasme effréné, une fourmilière, est en action.  J’habite dans ce microcosme, qu’est le boulevard Barbès, vous savez là où en sortant vous êtes alpagué par des vendeurs de clopes contrefaites en vous scandant : « les gens, les gens, malboro, malboro…. ». Eh bien moi je ne vis  pas au Maghreb mais plutôt en Afrique noire près du marché de Château Rouge. Je me souviens de l’étonnement de mes proches quand je leur ai annoncé que j’allais vivre dans ce quartier, pour certains de perdition, pour d’autre de jungle urbaine ! Les « mais tu es folle, tu as vu ce quartier mal famé ?»  Ou les « tu n’as pas peur de rentrer seule le soir ? »  A ceux- là, j’aimais  rétorquer que je préférais vivre là où même à quatre du mat’ ma rue est animée plutôt que dans le très classe 16eme où à 20h, les rues sont désertes !
Bref donc de mon balcon, il est très exactement 10h30 et mon trottoir est déjà très animé. La poste est prise d’assaut ainsi que les distributeurs automatiques de ladite poste. Quand j’ai commencé à vivre ici, je me demandais pourquoi il y avait trente minutes de queue à ces distributeurs. J’apprendrai plus tard que ce sont juste des personnes qui n’ont pas pu avoir de compte dans une autre banque que celle-ci… Alors oui, une queue dantesque se forme sous mon nez… Les gens se parlent, les groupes se forment, les enfants chahutent en attendant que leurs parents retirent leur « or » !  De l’autre coté du boulevard, les magasins de cosmétiques « made in black » ne désemplissent pas… Vous savez, ces magasins où il y a toujours un vendeur embusqué pour vous demander même si vous avez la boule à zéro si : « mon frère, tu veux des tresses ? » .
12h00, je suis de retour sur mon balcon et en me penchant sur la balustrade, je peux apercevoir  les hommes appelés à la prière du vendredi. A cet effet, une rue est barrée, les fidèles sortent leur tapis et s’y agenouillent pour commencer leur prière. Les touristes s’arrêtent estomaqués, certains prennent des photos et les autres plus radicaux s’expriment comme suit : « attends, on laisse ces scélérats faire leur truc ici, normalement. La France a vraiment changé ! ».  
15hOO, une patrouille de flics s’arrête aux abords du marché de Château Rouge, laisse leur camion à proximité (sait-on jamais ?) et se met aux aguets : premier, puis deuxième contrôle… certains badaud crient à l’injustice, d’autres préfèrent déguerpir  avant que leur tour ne vienne.
18h00, l’entrée du métro est prise d’assaut par les vendeurs ambulants proposant aux badauds de faux sacs Gucci et Prada en tous genres… Les working girls, eh oui, il y en a dans le quartier, se mêlent aux zonards et aux prostituées qui commencent à se poster devant les différentes intersections du boulevard suivis de près par quelques crackers en manque de cailloux qui se dirigent vers la Goutte d’Or (haut lieu de la débauche !)…
21h00, une autre population prend place sur le boulevard, quelques bandes en manque de sensation viennent se restaurer au « Kébab-Pizza-Hamburger-Pâtes » du coin (oui oui, nulle part ailleurs vous trouverez un resto qui se permet d’écrire sur sa devanture qu’il est capable de tout faire) ! Des pisteurs l’air de rien attendent les panthères noires derrière l’abri bus. Quelques prostituées nigériennes hurlent à gorge déployée, on ne sait trop quoi, au sujet de on ne sait trop qui... en se tabassant, bien-sûr, à coups de sac à main et autres objets non identifiés dans l’obscurité : je suis toujours sur mon balcon. Finalement une patrouille, encore, s’arrête, essaie de rétablir un temps soit peu l’ordre, avant de repartir blasée par ces scènes du quotidien.
23h00
La pharmacie, elle, est toujours ouverte, comme tous les jours et ce jusqu’à deux heures du mat. Et, bien qu’en journée cette pharmacie soit sans problème, le soir venu, un autre décor prend lieu et place dans ce lieu ouvert si tard pour venir en aide aux junkies du quartier… Enfin, je devrais dire : se faire dévaliser par les junkies du quartier. Moi je mets les voiles, ferme les rideaux car ce spectacle vivant fait partie de mon quotidien. Pourtant, pour rien au monde, je changerais cette place de choix pour vivre comme un ermite Rive gauche… Là, la joie, la peur, la différence, s’emmêlent et s’entremêlent, tous les jours !

vendredi 16 avril 2010

Fast information


26 mars 2010, je poste une chronique Ethiopienne. Après quelques jours, une personne s’étonne de la deuxième photo, est-elle représentative du sud de ce pays ? A cet instant, je me sens démasquée. Car bien entendu, la réponse est non. C’est un cliché pris à Lalibela dans le nord du pays et connu par les orthodoxes comme un lieu de pèlerinage. Pourquoi ai-je usurpé, trompé, spolié mon lecteur ? C’est simple l’image me plaisait et je ne pensais pas qu’on se rendrait compte de la supercherie ! Cette anecdote amène mon entrée en matière pour dénoncer le suivisme ambiant dans les médias ainsi que l’opacité des informations sans oublier of course le manque d’investigation et ou de vérifications. Les médias vont mal, on le sait, mais cette recherche intempestive du scoop, ce besoin d’immédiateté, ne pourrait être une justification de ces dérives journalistiques. Il y a deux semaines France soir, journal hautement « sérieux », met à la Une, une photo de Johnny en vacances à St Barth, on crie au scoop, à l’information capitale et on apprend trois jours plus tard que ces photos datent en réalité de 2006. Pour un lancement de nouvelle formule, on appellera ça, un lancement de génie ! Mais question si l’information n’avait pas été relayée ailleurs, serions-nous au courant de cette imposture ? Non… De même, pas une semaine ne se passe sans que l’Express ou le Point, ne propose en Une des sujets bien souvent similaires… Qu’à cela ne tienne, le lecteur pourra donc choisir la plus belle couv, car le fond restera le même. Quel est le problème ? Juste le manque de moyens des rédactions ? Il est certain qu’on ne peut blâmer ces rédactions dépourvues de moyens qui laissent ces journalistes faire du desk plutôt que d’être sur le terrain, à leur place, quoi ! Du coup, les journaux télévisés, les journaux, radios, et internet se retrouvent avec les mêmes informations souvent peu exhaustives voire erronées sans qu’il y ait derrière une véritable recherche. Ceci entraîne un manque de pertinence bien souvent. Ok, ils répondent à la demande du lecteur qui, pouvant maintenant avoir accès soi-disant à tout veut des réponses rapides, il n’a pas le temps d’attendre une recherche approfondie, il veut encore une fois de l’immédiateté. Seulement voilà, l’erreur transparaît de plus en plus. Il y a une semaine, m’arrêtant sur le journal télévisé de … on nous explique que la police est à la recherche des hommes de l’ETA ayant tué un gendarme français et qu’elle aurait une piste... Après quoi et quelques jours plus tard, on apprend que ces mecs visibles sur les écrans de surveillance sont des pompiers passant leurs congés en France. Bien souvent et de plus en plus, les journalistes épousent les idées des enquêteurs, des sources dites officielles ainsi que des agences de presses… Mais où est la vraie recherche, celle qu’on est en droit d’attendre : Au point mort… le suivisme va plus loin avec le grand sujet de la burqa… sauf que le terme de « burqa » est uniquement utilisé en Afghanistan, reste très péjoratif et connote l’oppression. Eh bien, ce terme reste employé par tous les journalistes de France et de Navarre. Alors pour ceux qui voudraient connaître le terme pour notre problème bien français est : « Niqab ». Je suis désolée mais j’aime la précision !