26 mars 2010, je poste une chronique Ethiopienne. Après
quelques jours, une personne s’étonne de la deuxième photo, est-elle
représentative du sud de ce pays ? A cet instant, je me sens démasquée.
Car bien entendu, la réponse est non. C’est un cliché pris à Lalibela dans le
nord du pays et connu par les orthodoxes comme un lieu de pèlerinage. Pourquoi
ai-je usurpé, trompé, spolié mon lecteur ? C’est simple l’image me
plaisait et je ne pensais pas qu’on se rendrait compte de la supercherie !
Cette anecdote amène mon entrée en matière pour dénoncer le suivisme ambiant
dans les médias ainsi que l’opacité des informations
sans oublier of course le manque d’investigation et ou de vérifications. Les
médias vont mal, on le sait, mais cette recherche intempestive du scoop, ce
besoin d’immédiateté, ne pourrait être une justification de ces dérives
journalistiques. Il y a deux semaines France soir, journal hautement « sérieux »,
met à la Une, une photo de Johnny en vacances à St Barth, on crie au scoop, à
l’information capitale et on apprend trois jours plus tard que ces photos
datent en réalité de 2006. Pour un lancement de nouvelle formule, on appellera
ça, un lancement de génie ! Mais question si l’information n’avait pas été
relayée ailleurs, serions-nous au courant de cette imposture ? Non… De
même, pas une semaine ne se passe sans que l’Express ou le Point, ne propose en
Une des sujets bien souvent similaires… Qu’à cela ne
tienne, le lecteur pourra donc choisir la plus belle couv, car le fond restera
le même. Quel est le problème ? Juste le manque de moyens des
rédactions ? Il est certain qu’on ne peut blâmer ces rédactions dépourvues
de moyens qui laissent ces journalistes faire du desk plutôt que d’être sur le
terrain, à leur place, quoi ! Du coup, les journaux télévisés, les
journaux, radios, et internet se retrouvent avec les mêmes informations souvent
peu exhaustives voire erronées sans qu’il y ait derrière une véritable recherche.
Ceci entraîne un manque de pertinence bien souvent. Ok, ils répondent à
la demande du lecteur qui, pouvant maintenant avoir accès soi-disant à tout
veut des réponses rapides, il n’a pas le temps d’attendre une recherche
approfondie, il veut encore une fois de l’immédiateté. Seulement voilà,
l’erreur transparaît de plus en plus. Il y a une
semaine, m’arrêtant sur le journal télévisé de … on nous explique que la police
est à la recherche des hommes de l’ETA ayant tué un gendarme français et
qu’elle aurait une piste... Après quoi et quelques jours plus tard, on apprend
que ces mecs visibles sur les écrans de surveillance sont des pompiers passant
leurs congés en France. Bien souvent et de plus en plus, les journalistes
épousent les idées des enquêteurs, des sources dites officielles ainsi que des
agences de presses… Mais où est la vraie recherche, celle qu’on est en droit
d’attendre : Au point mort… le suivisme va plus loin avec le grand sujet
de la burqa… sauf que le terme de « burqa » est uniquement utilisé en
Afghanistan, reste très péjoratif et connote l’oppression. Eh bien, ce terme
reste employé par tous les journalistes de France et de Navarre. Alors pour
ceux qui voudraient connaître le terme pour notre problème bien français
est : « Niqab ». Je suis désolée mais j’aime la précision !
vendredi 16 avril 2010
vendredi 26 mars 2010
Amertume d’un pays perdu dans les abîmes de la civilisation
Après moult réflexions et
interrogations sur la destination de nos vacances d’été, nous nous arrêtâmes
avec mon partenaire sur une pérégrination en Ethiopie afin de suivre les
traces d’Haïlé Sélassié, roi et libérateur en 1941, de la jouxte Italienne et,
question plus pratique, pour avoir un point de chute
à Addis Abebas chez mon oncle, expatrié pour raisons professionnelles. Le premier décalage eut
lieu, aussitôt sortis de l’aéroport. Nous quittions une ville décimée et laissée en jachère pour
entrer dans un monde, celui des expatriés, où les fastes et les passe-droits
sont monnaies courantes. La belle villa au milieu des bidonvilles, les
serviteurs désireux de combler nos moindres désirs m’ont tout de suite frappée
et pourtant, connaissant déjà l’Afrique, cela aurait dû me laisser de marbre,
mais pas cette fois. Les premiers instants sur la terre de la reine de Sabah
ont été ponctués de fêtes au Hilton et Sheraton. Tous les clichés étaient
réunis : Les « expats » traitant les locaux comme subalternes, adorant pourtant leurs femmes sublimes.
A l’inverse, les éthiopiens, peuple splendide, le revendiquant à qui mieux-mieux, se délectaient de voir cette population de passage se comporter de manière odieuse sous
prétexte qu’elle « avait l’argent ». Deux mondes cohabitaient sans avoir
de l’estime l’un pour l’autre. Mais n’est-ce pas un moyen très néocolonialiste
de faire ressentir au plus faible la suprématie de l’être socialement
installé ? Addis réputée ville de la nuit, où
les fêtes sont parasitées par ces hordes de femmes sublimes venant se déhancher
et offrant un instant de plaisir taxé, est reconnue par les occidentaux pour
être la ville de tous les plaisirs bon marché ! Passées ces soirées de
débauche, nous voulions voir du pays et partir à la rencontre des peuples
« dits » nomades. Nous nous sommes donc rendus chez un
tour opérateur (bien le choisir pour éviter tout désagrément !!). Après
quelques négociations, nous quittions, le nord du pays pour le sud avec à bord
d’un 4x4 flambant neuf, un guide et un
chauffeur !
Au
cœur de la vallée de l’Omo
Rien que le nom de cette vallée me faisait complètement fantasmer et je n’avais qu’une idée très naïve, avec le
recul, être plus près de ces peuples nomades et de me sentir en complète
immersion. Pourtant, dès le départ, nous pressentions déjà que tous nos idéaux
seraient réduits à néant... Le cirque pouvait enfin commencer ! Dans ce
trop « clinquant » 4 x4, nous laissions derrière nous, une monstrueuse
poussière, sur plus de 2500 km en huit jours, qui se propageait sur tous les
visages des personnes dépassées sur notre route. Les clichés photos se sont multipliés pour la
plupart dans cet engin de malheur car, il faut savoir que le blanc est roi, le
blanc aime l’indigène mais de loin, derrière les vitres teintées de sa voiture,
il ne veut surtout pas se fatiguer et préfère rester dans l’auto avec une
climatisation dernier cri : car oui l’homme occidental
a horreur du soleil ! Notre premier arrêt fut chez les Dorzé, un peuple
célèbre pour ses habiles tisserands, et l’architecture de leur habitation. Mais
là où nous aurions préféré visiter le village d’une part et d’autre part,
grimper par nous-mêmes cette piste vallonnée à plus de 3000m d’altitude, nous
fûmes pris à partie par le complice de notre guide qui nous montra trois tisserands
« locaux » donc intéressants à photographier pour nous, pauvres
occidentaux, et visitâmes une maison « typique » ! Le guide ne
fût d’aucune utilité car je pouvais me contenter de lire religieusement mon
guide du routard si je ne voulais pas rentrer en communion avec ce peuple.
Première déception. Après les Dorzé, là encore, nous essayâmes de découvrir la
façon de vivre des Konzo. Ce peuple vit également en
altitude à environ 2000m. Réputés bons cultivateurs, ils ont réussi à
faire la culture en terrasse s’élevant jusqu’aux flancs des collines. Le plus
étonnant et ce qui restera un souvenir profond fût de découvrir leur Waka,
typique de leur culture et représentant des petits totems en bois sculptés
érigés en des endroits visibles afin de commémorer des guerriers courageux ou
des chasseurs émérites. Cette visite terminée, je me souviens de ces enfants
courant après notre 4X4 toujours poussiéreux voulant juste une bouteille d’eau
vide pour aller chercher l’eau dans les rivières…
L’horreur
était à venir
Après des arrêts forcés pour se sustenter
où là encore, l’occidental est pris pour un porte-monnaie
ambulant, où il fallait payer l’addition du chauffeur et du guide (pas prévu
normalement dans les conditions de voyage). Avant même ce départ en contrée
Mursi ou devrais-je dire dans ce parc d’attraction, on nous prévint d’emblée :
Ce peuple est actuellement toujours nomade et reste donc de facto peu éduqué,
un scoot armé serait donc affrété pour nous accompagner en ces lieux hostiles,
sic ! Alors là je pris peur, qu’est-ce que cela voulait dire ?
Concrètement et avec un peu de recherches, ce peuple perd peu à peu du terrain
et devra tôt ou tard se sédentariser pour vivre comme les gens du nord.
D’ailleurs à cet effet, une autoroute en cours de construction et construite
par les chinois est en train de relier le nord
et le sud ! Digressions faites, l’abominable allait se produire. Arrivée,
donc en terre Mursi, peuple où les femmes se font couper la lèvre inférieure de
la bouche pour y mettre un plateau d’argile comme décoration esthétique. (A l’origine ces femmes
fussent mutilées pendant l’esclavage pour ne pas subir les rixes possibles).
Devant moi, un marché aux esclaves… des femmes, des enfants, des hommes, des
êtres qui, pour une devise sont
prêts à s’exhiber comme des animaux, était pour moi
un pathétique tableau de notre monde occidental où l’homme blanc choisit son
sujet pour le photographier sous tous les angles et ramène le cliché chez lui
afin de le montrer à ses semblables. Je ne blâme personne, d’ailleurs
j’y étais, j’ai assisté à ces séances moribondes mais la haine et l’horreur se
mêlaient au jugement. Je me souviens encore notre guide demandant à mon homme,
laquelle il voulait… oui, laquelle comme ci ce n’était que de la marchandise… Je
peux, à la rigueur les comprendre : ils ont compris malgré eux le business où l’argent compte plus que jamais… le vice va
plus loin car on nous demande à nous occidentaux d’apporter des devises neuves car ces « indigènes »
n’acceptent pas l’argent défraîchi !
Flashback
Avec le recul, je suppute que pour un tel voyage, seule l’immersion totale peut permettre de visiter un tel pays.
Un pays riche en paysage et en végétation en coutumes et rituels, en langue et
dialecte. Notre voyage peut paraître par ses anecdotes, raté, mais j’en garde
un souvenir merveilleux. Mais, et j’en reste convaincue, aller à la rencontre
de ces peuples, sans valises, ni devises, ni appareil photo resterait le
meilleur moyen pour entrer en parfaite communion avec cette communauté,
voire plus largement toutes les communautés du monde entier. Et pour les moins
aventuriers, certains organismes vous proposent des voyages à la carte où vous
choisissez réellement ce que vous voulez faire…
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