jeudi 31 mai 2012

Ersatz de soirée

Les gens m’ennuient. Cette réflexion prend davantage son sens en soirée. Généralement, j’arrive à faire abstraction d’un lieu, d’une situation, d’un moment, mais pas des gens. Dans ces soirées (sic) !, les personnes conviées palabrent principalement, s’esclaffent à gorge chaude, parlent fort, jouent les intellectuelles de seconde zone et baillent souvent aux corneilles. En fait c’est moi ça !  A ce genre de fête où le crevard est roi, où l’alcool bon marché coule à flot, où tous ceux qui comptent en déchets parisiens se retrouvent pour claquer des bises en laissant du coup percevoir une lueur de notoriété via ce groupe d’ahuris, moi je passe souvent pour la nana réservée voire insociable. De temps en temps on me demande si je m’ennuie et à cela j’ai envie de leur crier : Qu’une personne saine d’esprit partirait déjà en courant… Finalement dans mon for intérieur, je réponds qu’ils m’épuisent, pompent mon énergie vitale et me font perdre un temps précieux, en somme je ravale mon frein et ma haine qui monte. Mais mon coté maso me fait persister alors je continue tant bien que mal à fréquenter ce genre de soirées dénuées de sens mais qui selon certaines personnes pourraient me permettre de me créer un réseau professionnel. Alors là, je me marre littéralement ! Dans ces soirées justement, le mot d’ordre est la défonce, alors ces parisiens déchus  boivent sans retenue… ne montrent qu’un spectacle dégoulinant de ce que la pseudo « hype » parisienne compte comme déchets de l’humanité.  Soyons honnête, comment trouver dans cette cohue générale celui ou celle qui pourrait m’apporter ne serait-ce qu’une piste, car 1) les personnes potentiellement susceptibles de m’intéresser, évitent par la force des choses de parler « boulot »… en exultant : « qu’ils sont là pour se détendre », de plus ai-je vraiment envie d’être opportuniste au point de me fader justement machin pour comme résultat n’avoir qu’une adresse Facebook qui soyons honnête me servirait à rien car primo je n’ai pas ledit compte et secondo je ne me vois pas relancer une personne en disant : Hey, tu te souviens de moi, on s’est décroché deux mots dans la soirée de l’autre soir » ! 2) entre les crevards, les ratés, et les has been, je ne trouverais pas satisfaction et 3) les mecs relous qui te demandent au bout de deux minutes ton Facebook, cette fois-ci, juste pour booster leur quotas d’amis virtuels (ce genre d’endroit pullule de mecs « Facebook » à tout va). Le problème dans ce genre de fiesta, vernissages & co, c’est qu’il n’est question que d’apparence, rien ne se lie et à la fin de la soirée, on repart sans même un numéro intéressant en poche… et sachant que de mon coté, je vais en soirée pour être avec mes potes... Je continue à m’ennuyer.
Ps : il arrive parfois de tomber sur un ovni parmi cette horde de vautours, on le regarde, lui parle et on se demande ce qu’il vient foutre dans ce tracnard, mais prudence, ça n’arrive pas souvent.

mercredi 16 mai 2012

Black Bazar*


« Ce livre est une merde sans nom ! », s’est exclamé mon compagnon après lecture d’une dizaine de pages. En lui demandant pourquoi, il m’a simplement répondu qu’il ne se sentait aucunement concerné par ce récit, qu’il ne comprenait pas forcément où l’auteur voulait en venir et le plus étrange, que les anecdotes énoncées ne provoquaient sur lui aucun émoi, bon ou mauvais d’ailleurs. Mince, quand  on sait que pour ma part, j’ai lu ce bouquin d’une traite, riant aux éclats, seule dans le métro (passant sûrement pour une folle furieuse). Peut- être  m’a-t-il plu par ces situations cocasses que j’ai eues la chance de vivre en live cette fois, allez savoir. Alors est-ce un livre plutôt initié voire communautaire pouvant plaire également aux personnes sensibles au dandysme africain? Toutes digressions faites, voici le pitch. Dans un marasme coloré, Black Bazar  narre l’histoire du « fessologue », appelé comme tel par ses camarades de jeux du fait de son besoin perpétuel d’étudier le fessier de ses sœurs africaines et de les disséquer à la manière d’un chirurgien au bloc opératoire (j’en rajoute un peu là). Toujours « nippé », on préférera ici le terme « sapé », il compte essentiellement dans sa garde robe des pièces griffées Yves saint Laurent ou Weston comme tout sapeur qui se respecte ! Tour à tour, cette histoire nous entraîne dans les méandres du Jip’s, bar afro-cubain, près de la fontaine des Halles, où avec ses comparses, il palabre autour d’une Pelforth sur les conditions humaines et sur les souvenirs de ce cher Congo de Brazza, of course ! Le « fessologue », jeune écrivain en herbe, écrit sous la tutelle de Louis-Philippe le cubain, son histoire d’amour déchue,  et y dresse un tableau acerbe de la folie du monde. A travers ce récit folklorique, se cachent des personnages hauts en couleurs comme Roger le Franco-ivoirien, Paul du Grand Congo, en passant par l’hybride, un type qui joue du tam-tam dans un groupe que personne ne connaît et qui est accessoirement le problème de tous ses maux, sans oublier le martiniquais plus raciste que jamais, excellent (lire absolument le passage sur Mobutu, président du Congo toujours vivant !!! (le bouquin étant contemporain,  certains comprendront d’autres pas !). Un livre drôle et tout aussi pathétique à la fois. Drôle et burlesque quand il fait référence à des codes très africains comme par exemple sur leur façon  de penser qu’un noir naissant en France est forcément plus clair qu’un noir venant d’Afrique ou sur leur façon de parader devant leur congénères. Pathétique quand on y découvre parfois un monde superficiel où l’habit est roi et levé en étendard. Mon propre remix, à la fin du bouquin reste douteux, car faut-il comprendre en somme que pour un africain, il ne reste qu’à se marier avec une occidentale (ici blanche in fine) pour s’élever socialement voire spirituellement dans nos sociétés de blancs et ainsi rentrer dans un carcan où la couleur de la peau reste encore une carte maîtresse ?
*Auteur de Black Bazar Alain Mabanckou

vendredi 4 mai 2012

Amitié virtuelle


« Tu m’as tellement déçue ! », clic de fin.  Pour mieux comprendre ce happy end, une mise en relief s’impose forcément.  A l’heure où Facebook est roi et levé en étendard, l’individualisme prend une part des plus omniprésentes dans nos vies, enfin pour plus de quelques millions … Les amitiés se découvrent sur la toile en poquant une photo par exemple, « j’aime ça… je te mets un pouce… On devient pote… Ok génial tu fais d’ores et déjà partie de mes 150 amis… Super, on ne se croisera jamais sauf via nos pages mais on pourra dire qu’on est de grandes connaissances à l’occasion ! ». Mais le même schéma est opéré pour dire ses quatre vérités à un vrai ami, non virtuel, cette fois. Qu’importe, en un simple clic, et avec toute la lâcheté qui s’accompagne, il est maintenant de rigueur, d’utiliser sa page plutôt que de se déplacer.  En moins de deux semaines, j’ai pu de près ou de loin constater ce changement radical dans nos modes de fonctionnement.
Qu’avaient fait ces personnes pour mériter un tel sort via la toile ? Dans les deux cas, la même approche. Elles se sont données corps et âme dans des relations qui à posteriori n’étaient fondées que sur du vent. Alors quoi, on déçoit les gens à qui on a tout donné, notre aide, notre écoute, notre amitié, pour certains nos couverts, nos sorties… mais au moment où l’on prend un peu nos distances voire qu’on montre que nous aussi on existe, qu’on peut être confrontés aux mêmes névroses… On nous lâche ? On nous envoie un simple mail, sur Facebook qui plus est, pour dire à quel point on est déçu par le comportement on ne peut plus angélique et dévoué de l’autre ? Pourquoi ? Pas de réponse… Là extrapolons… sans doute car comme souligné plus haut, l’individualisme est à son apogée… Les valeurs changent si tu deviens faible pour certains on te zappe, pis, si tu n’es plus intéressant (rien à y gagner) pour d’autres, même diagnostic. On déçoit en réalité sans savoir réellement pourquoi. Le déclencheur ? Facebook ! Pourquoi encore une fois ? Petite idée… si les gens arrêtaient d’aller épier la vie des autres mais pensaient de temps en temps à les rencontrer, peut-être qu’on éviterait ce genre de débordement… Car qui ne s’est pas déjà fait blacklister d’un wall Facebook ? Qui n’a pas été pris à partie via son compte ? Qui d’ailleurs ne règle pas ses comptes sur sa page ! Enfin peut-être qu’il faut tout simplement trouver des potes plus intéressants.
Drôle d’époque ! Alors oui, on va tous décevoir malgré nous un proche mais rassurons-nous, la violence restera juste verbale, on aura juste à blacklister ce pote indésirable et se retrouver fissa quelqu’un pour le remplacer avant que lui aussi n’arrive à la date d’expiration. Mais qu’importe, Facebook compte des millions d’amis potentiels.