jeudi 12 avril 2012

Supériorité feinte



« Mon diplôme en poche, je rentre au pays ! », « Je veux retrouver mes nombreux privilèges comprenant mon chauffeur, mes deux femmes de chambre, mon jardinier, ma nourrice, et ma cuisinière… ce n’est pas tout sans compter mon luxueux jardin verdoyant, ma piscine privée, mon jacuzzi, ainsi que mes voitures de luxe »… Une liste simplement exhaustive de ce que j’ai pu entendre ces dernières semaines… Ces jeunes ont entre vingt deux ans et vingt neuf ans, sont originaires d’Afrique de l’Ouest pour la plupart et vivent dans une réalité que je ne connais pas au quotidien, juste de temps en temps quand je rentre au pays mais en vacances seulement. Ils sont pour la grande majorité « fils ou fille de » et ne connaissent pas la galère d’une vie lambda.
Crise identitaire en occident, brimade sans doute, j’ai beau creuser, je ne comprends pas ce besoin si intense de retourner dans son pays d’origine dans le simple but de se comporter en colonialiste primaire. Car là est la réelle intention de cette petite bande… Ce n’est pas de jouir de certains privilèges qui leur permettrait de mieux vivre une fois là-bas mais une ardente envie d’écraser le plus faible, de montrer une sorte de supériorité obtenue grâce à leur parcours universitaire en Occident ? « Un emploi de haut responsable d’une grande société m’attend au pays, n’est-ce pas cela le luxe ? Tu es dans un pays où le soleil brille toute l’année, où tu arrives très décontracté au travail, car ta bonne t’aura préparé ton petit déj et que ton chauffeur t’aura déposé devant ta société. Tu pourras ignorer les employés en les évitant, téléphone portable scotché à l’oreille. Il te sera facile, si l’un d’eux essaie de t’arrêter dans ta course pour réclamer une signature, de lui répondre que «ce sera fait en temps voulu» : c’est ce genre de phrase que l’employé de base peu éduqué aime entendre…» … s’en est trop… je tente une échappée mais un autre revient à la charge : « en occident, Londres, Paris, New York car oui, tu sais j’ai vécu un peu partout, avec mon parcours universitaire, je pourrais trouver un poste de junior dans une société occidentale sans beaucoup de difficultés mais la vie coûte plus cher même pour moi, habitué aux demeures diplomatiques de mes parents… ici par ta couleur de peau, tu mettras plus longtemps à t’imposer et au final pourquoi ? Pour un travail éreintant ou finalement tu ne peux jouir de ton dur labeur… et puis la différence réside dans les privilèges… au pays, je vis comme un roi » !

Voilà, on touche enfin, un point essentiel, car malgré, leur vie plutôt dorée même en occident, « le blanc » reste supérieur dans leur imaginaire, il faut pour le noir être plus intelligent, faire le plus d’activités extrascolaires, en somme se surpasser pour atteindre les mêmes chances de réussites au final. Au lieu de combattre cela, ils préfèrent, retourner « au pays » pour se comporter exactement pareil avec leurs frères qu’ils taxent de fainéants, et autres sobriquets ! Pour jouir de privilèges pour certains perdus en occident. Paradoxal quand on sait que leurs parents pour la plupart intellectuels, ayant étudié en occident, sont repartis dans leurs pays pour aider ces derniers ou sont restés en occident pour éviter toute corruption africaine… une jeunesse avec des positions d’un autre temps…
Retourner au pays, pourquoi pas, mais loin s’en faut car ces petites têtes oublient vite qu’elles ne seront pas forcément accueillies les bras ouverts… car elles ont eu la chance d’étudier en occident mais leur façon d’agir et quand bien même ce qu’ils essayent de faire croire, a changé. Bien souvent leurs ainés ne sont pas retournés au pays justement pour cette différence qui a opéré sur eux avec ou contre leur gré ! Ils deviennent à leur tour les blancs de leur pays, par leur tenue vestimentaire, leur façon de s’exprimer ou leur agissement… Le retour est souvent bien moins rose que ce qu’ils essayent de me faire avaler. Alors, je peux comprendre cette envie de rentrer mais pas dans le but de spolier  davantage un pays souvent ravagé par la guerre ou la corruption mais dans un but d’aider différemment peut être mais d’aider… Et bien sûr éviter le piège du conquérant occidental qui va sauver son pays de la misère car ce qui est appris en occident doit dans la majorité des cas rester à l’occident, les besoins réels de ces pays ne se retrouvent pas ou très peu dans ceux de l’Europe ou des Etats Unis… La route est encore longue, et il évident que je n’écris pas dans ce post une vérité générale, juste une vision plutôt objective de ce que j’ai pu entendre en débarquant à Londres par une certaine catégorie d’individus.

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